Mon frère, ma princesse
Catherine Zambon
Genre : Spectacle jeunesse
janvier 2025
Durée: en création
Contexte
Alyan est un petit garçon, mais il préférerait être une princesse, ou une fée ou bien sa soeur Nina. Elle est belle. Lui, il ne se sent pas bien comme il est. Il y a eu une erreur. La nature s’est trompée et l’a affublé d’un corps qui n’est pas le sien. Et il le dit aussi simplement que ça lui apparait, mais pour les autres, ça n’est pas si simple.
Entre l’angoisse de sa mère et la honte de son père, ça n’est pas facile de trouver ses repères. Et les autres enfants qu’en pensent-ils ? Ils se moquent. Ils l’embêtent. Nina seule à l’air de le comprendre mais elle n’est « pas assez grande, ni assez nombreuse » pour les combattre tous.
Encore une fois, Brosse Adam se lance dans un genre encore jamais exploré, la littérature jeunesse, avec ce texte de Catherine Zambon. Spectacle pour enfant, mais sujet pour tous les âges. La question de l’identité est bien entendu le noyau de la pièce, mais les sujets abordés sont multiples. Entre les stéréotypes des femmes et des hommes et le rêve d’une société plus tolérante et ouverte. Tout ceci abordé tout en poésie et dans une unviers remplie de magie.
L’imagination, c’est comme la poésie. C’est un pays où tu fais tout ce que tu veux et où personne ne vient t’embêter.
Nina : Mon frère, ma princesse
Distribution
Alyan
Nina
Ben
Dilo
Stéphanie
Stéphane
Mamie Loupiotte
Marie-Prune SCHALLER
Alexandrine BOUQUET
Cynthia BLUNSCHI
Florine NEUENSCHWANDER
Marion NOISY
Alexandre RAEMY
Emile SCHUWEY
Mise en scène : Estelle Terry
Scénographie : Alexandre Raemy
Note d’intention
Parfois on lit un texte, on tourne les pages de plus en plus vite, puis en rabattant la 4e de couverture sur la dernière page, on ne peut s’empêcher de pleurer.
Mon frère, ma princesse me fait vivre cette émotion à chaque lecture. Et pourtant pour un travail de mémoire, je l’ai traversé, analysé, étudié, j’en ai extrait son message, son essence, j’ai décortiqué ses personnages, leurs buts, leur évolution. J’ai compris ce qu’il dit, je comprends les mots. Mais la force d’une œuvre réside dans l’émotion qu’elle génère. Cette pièce me fait pleurer. Elle m’émeut dans son histoire, ses personnages me bouleversent, son message me parle et sa poésie est d’une simplicité magique. L’autrice, Catherine Zambon nous fait vivre une expérience à travers le regard d’enfants, bien plus lucides sur leurs réalités que les adultes. Alors, très vite, cette perspective d’enfants, le regard poétique de l’autrice et la force de l’histoire deviennent une évidence. Le projet Mon frère, ma princesse vient de naitre.
Je n’ai jamais mis en scène. J’ai bien sûr peur de ne pas savoir transmettre ce que j’ai ressenti en la lisant et en même temps, elle est une évidence, cette pièce doit être jouée, je me dois d’essayer.
La thèse que je défends, c’est que le théâtre jeunesse est un art essentiel dans la vie sociétale et communautaire. Les enfants sont des acteurs et actrices en devenir du monde dans lequel nous évoluons. Il est donc important de leur faire prendre part rapidement aux questions qui peuvent les concerner. Le théâtre offre cette possibilité-là. Il est une manière de voir certaines réalités, de parler de certains sujets, de débattre de points de vue. Avec douceur et justesse, Mon frère, ma princesse rend les enfants héros de leur propre aventure ; par leur détermination à vivre, à exister, par leur courage et leurs qualités ces enfants prennent les adultes par la main pour les amener à grandir avec elles et eux.
Je m’épanouis ces dernières années au sein de la compagnie Brosse Adam. Une évidence de travailler avec ses membres. La compagnie s’est renouvelée sans cesse dans ses choix de pièces, dans leurs genres, leur mise en scène. L’objectif étant de permettre à un public varié de venir se frotter à un théâtre complexe, railleur, traditionnel ou loufoque, c’est donc un nouveau défi que j’ai proposé aux membres de la compagnie. Oui, c’est un défi ; un défi d’imaginer une telle pièce jouée par des adultes ; un défi d’autant plus que joué par une compagnie amateure ; un défi car mené par une metteure en scène novice ; un défi car un sujet sensible qui traite de l’intime et du genre. Il a été accepté à bras ouvert.
Il est difficile de parler d’objectifs dans la projection d’un spectacle. J’en ai parlé précédemment, c’est un théâtre jeunesse et je pars du postulat que les enfants seront le public visé prioritairement. Cela dit, Brosse Adam a habituellement un public composé principalement de jeunes adultes, je souhaite donc créer un spectacle qui puisse toucher un plus large spectre possible. Le message que je souhaite transmettre c’est cette force que j’ai perçue dans les personnages d’enfants. J’aimerais que le public, enfant comme adulte, ressorte avec la sensation que les jeunes sont l’avenir, qu’importe leur choix et la méthode, ils et elles peuvent changer la manière de voir le monde.
Bien sûr, cette œuvre défend la liberté de genre, l’acceptation de son identité, qu’elle soit ou non en accord avec ce qui est attendu. Le fait de traiter d’un sujet intime est un pari risqué car politisé et donc clivant. Cependant, je ne souhaite pas créer une pièce politique, je souhaite créer un spectacle qui transmet un message qui me touche. Le sujet des enfants qui se cherchent dans leur identité est réel, je choisis de le traiter avec ce texte, qui montre le chemin à parcourir pour faire évoluer les façons de penser. Catherine Zambon ne dit pas si c’est bien ou mal, elle montre un fait et une manière de le vivre, comment il peut impacter les proches et une manière de le recevoir. J’ai envie de transmettre cette vision parce qu’elle est proche de mes valeurs. Il ne s’agit pas de dire qu’elle est la meilleure.
Je me suis donc entourée de personnes pour qui la pièce était touchante et qui avaient envie de faire vivre ces personnages sur scène et de transmettre ce message. Il y aura un gros travail qui sera axé sur l’incarnation des personnages. Mon envie est de faire exister les enfants sur scène sans entrer dans une caricature des traits « enfantins ». Il sera sûrement nécessaire aux membres du projet d’aller chercher leur propre relation à leur enfance et leur enfant intérieur. Bien que complexe, je me réjouis de les accompagner dans cette recherche.
Pour ce qui est de l’aspect général, de la scénographie et de la mise en scène, je souhaite faire exister la magie présente dans la pièce et présente dans le cœur des enfants. Elle permettra je l’espère de toucher les petits et grands enfants. Les messages qui sont transmis dans la pièce ne seront pas minimisés parce que sorti de la bouche d’enfant, je veux rendre les héros de cette pièce visibles, ce sont les enfants qui prennent les adultes par la main, ce sont elles et eux qui font montre de courage et de détermination, ce sont encore elles et eux qui ont la force de changer et d’évoluer.
Finalement, ce projet a une visée éducative. En effet, la troupe qui constitue se projet se sent motivée à présenter ce spectacle dans des écoles. Nous aimerions pouvoir faire vivre cette expérience à des enfants entre la 6H et la 8H. Les enfants n’ont pas toujours accès aux théâtres dans leur cocon familial. L’école offre cette opportunité de découverte sur la culture et l’art, nous allons donc faire de notre mieux pour collaborer avec des écoles fribourgeoises et offrir ce moment à quelques enfants du canton.
Ce projet Brosse Adam voit le jour dans une période où je travaille avec des enfants et où je finis une formation sur la sexualité et le genre. Ce fut une période intense et dans laquelle j’ai tenté de créer des liens entre mon travail, mes intérêts professionnels et ma passion qu’est le théâtre.
Ce spectacle est donc dédié à tou⋅te⋅s ces enfants que j’ai rencontré.e.s cette année dans mon parcours professionnels, à leur réalité individuelle, leurs questionnements, leur détermination et surtout à leur immense créativité dans qui ils et elles sont.
Estelle Terry, metteuse en scène