Après la Vague
Mélanie CHAPPUIS
Adaptation Brosse Adam

Intime

5 Mai 2023
21h45
Centre Fries
19-20 Mai 2023
20h
Ebullition

Durée: 1h15

Accessible à tou.te.s

Entrée libre

Fribourg : Festival Friair Centre fries
Bulle : Ebullition
Synopsis
Deux femmes, un environnement délabré : quelque part en Argentine.
Après l’éclat d’une jeunesse aisée et fastueuse, la crise économique bouleverse tout. Maintenant au bas de l’échelle sociale, Anna et Camilla, se retrouvent autour d’un verre de vin, se remémorant avec mélancolie leur brève rencontre : il y a vingt-cinq ans. Le rendez-vous devient vite jeu de séduction, échange amoureux où se mêlent l’enivrement du désir et l’âpreté de la jalousie.
Après la vague, l’occasion de voir un dialogue amoureux puissant et émouvant, de voir avec justesse un amour qui perdure ou périt.
Un nouveau projet mobile et intimiste, pensé pour investir de nouveaux lieux, de nouvelles ambiances et de nouvelles perspectives, avec deux rôles féminins brûlants et ambitieux. En plus du défi que cela représente pour les comédiennes de porter l’entièreté de la pièce par leur duo, l’envie est de mettre à l’honneur pour la première fois une autrice à la fois suisse et contemporaine afin de faire rayonner la culture helvétique.

« Je suis là pour vous. Celle que vous êtes, pas celle que vous représentez, et permettez-moi de ne plus jouer, ce soir. »
Après la Vague
Distribution
Anna Estelle TERRY
Camilla Cynthia BLUNSCHI
Mise en scène et dramaturgie: Sandrine Bouquet
Scénographie: Alexandre Raemy
Adaptation: Sandrine Bouquet
Coordination: Florine Neuenschwander
Création lumière et technique : Lucile Brügger
Création de l’affiche : Florine Neuenschwander
Gestion financière: Marc Charlet
Note d’intention
Intime et brûlant
Un moment merveilleux : intime et tellement commun. Le contact amoureux a lieu de manière assez universelle, dans toutes les strates de la société, toutes les périodes, à tout âge. L’expérience de l’amour, dans toute sa complexité, qui a occupé tant de penseurs à l’échelle de l’histoire, touche et intrigue encore l’ensemble de l’humanité. La fascination de ce sentiment me bouleverse, d’autant plus quand il est profond et durable. Bien que pouvoir percer le « secret » amoureux est probablement une quête infinie, je réitère la démarche d’analyse et de conceptualisation de ce qu’il est avec plaisir. Comment cet attachement entre deux êtres se crée ? Comment perdure-t-il ? Pourquoi ce lien se rompt-il parfois ? Pourquoi l’être aimé nous apparaît brusquement différent, de retour à la norme, dépossédé de son charme ? « L’Image est corrompue, parce que celui que je vois tout d’un coup est alors un autre (et non plus l’autre), un étranger (un fou ?). »[1]
Toutes ces questions, et leurs potentielles réponses seront explorées, pour aboutir à une vérité, éphémère, qui ne sera véracité que le temps d’une représentation. Le théâtre permet cela, de répéter l’action pour l’étudier. Comme dans un laboratoire, nous pourrons analyser l’Eros dans toute sa splendeur et sa multiplicité, oscillant de l’Eros vulgaire au céleste[2] : de la simple pulsion du corps à l’éveil de l’âme. On retracera, avec les personnages, la beauté de leur relation, les souvenirs communs, la tendresse partagée, l’amour pour leurs enfants. Mais le drame n’est jamais loin : le désir qui irrite, qui rend fou, le doute, la honte et le combat pour rester digne dans l’adversité. Entre rêve et lucidité, jeu et réalité, on est sur le fil du rasoir sans jamais savoir de quel côté nous allons finalement tomber.
Surpression de la question de genre
Dans la pièce originale, le couple est un couple hétérosexuel : un homme, une femme. Dans notre adaptation, les deux personnages sont des femmes. En changeant le genre d’un des personnages, l’idée est de supprimer toute possibilité de lire la pièce comme étant la représentation d’une performance de genre, et de démontrer que deux individus du même genre peuvent envisager la séduction et les relations de manière bien différente. L’intérêt n’est pas de rendre la pièce plus contemporaine ou militante, mais bien de se soustraire à une rigidité d’interprétation : l’envie est d’avoir une figuration de l’amour universel et aucunement d’indiquer la norme de représentation du désir dans tel ou tel genre.
Il y a certes une dichotomie entre le réalisme historique de la pièce (qui se déroule au début des années 2000 en Argentine) et la simplicité avec laquelle ce couple évoque ses enfants ou sa relation, sans n’avoir rencontré aucun problème lié à cela. Mais la visée est justement de n’apporter aucune force, aucun regard direct sur la réalité de la difficulté sociale qu’aurait pu rencontrer ce couple, en créant une utopie dans laquelle cette question de genre n’a pas de poids, l’homophobie pas de consistance. Ne faire qu’une investigation de l’amour, libéré de la problématique de genre.
Lutte et différence de classe
Comment aimer, séduire, désirer quand l’opulence et l’apparat d’hier ne sont plus que des souvenirs. L’amour peut-il perdurer ou se créer dans la misère ? Voilà d’autres questions qui flamboient dans cette pièce de Mélanie Chappuis. Plus qu’une histoire d’amour, Après la vague est un questionnement de classe sociale : d’un milieu aisé et faste à la galère de la rue. Sur fond de séduction, la volonté est de savoir s’il est possible de rester digne, écrasé au fond de l’échelle sociale. S’il est possible de rester heureux, à deux.
Dans un mariage, l’argent peut parfois être le centre d’un inconfort ou le précurseur de dispute. Cela semble naturel puisque cette notion est centrale dans notre société basé sur le capital. Et pourtant, régie-t-il forcément une relation ? Bien qu’il semble compliqué de s’en affranchir totalement, il est intéressant de pouvoir se plonger dans une réalité où le faste ne règne pas, sans pour autant s’écrouler dans la laideur ou le misérable. Toute la scénographie sera d’ailleurs orientée vers ce point-là : plonger le spectateur dans la réalité visuelle de personnes en situation d’itinérance. Cartons, bâches, sacs plastique, objet de récupération divers mis ensemble, mais dans le but de recréer un endroit le plus agréable et chaleureux possible. Tout crie la misère, mais avec une teinte de tendresse tangible, enrobé d’une douceur absolue. La puissance des attentions du quotidien qui deviennent magiques dans la difficulté pécuniaire.
En concret
Ce projet est pensé dans l’idée de pouvoir le faire tourner assez facilement et qu’il puisse aisément s’adapter à de nouvelles salles ou de nouveaux espaces. De plus, il est réfléchi pour être en cohésion avec les contraintes qu’impliquent les festivals. L’envie est aussi de rencontrer un nouveau public et de se plonger dans une autre atmosphère, ainsi que de retrouver l’ambiance forte d’un projet avec peu de comédien.nes. Ce qui nous offre aussi la possibilité d’un travail plus compacte et intense pour nous amener à notre envie de performance et de rigueur artistique indéfectible. Les décors, quant à eux, sont imaginés pour être transporté : pliables, le moins encombrant possible, tout en assurant un résultat éclatant.
[1] Fragments d’un discours amoureux, Roland BARTHES
[2] Discours de Pausanias dans Le Banquet, Platon
– Sandrine Bouquet